Comme tous les samedis après-midi, je me perds dans la foule des affolés du caddie, des stressés du panier et des codes-barres aguicheurs. Je louvoie quelques instants dans le rayon ‘Beauté’, tentée par un rouge glossy de chez Dior. Je dépasse celui des ‘Chocolateries’ qui pourtant me fait des clins d œil. Puis je me dirige vers l’endroit de ce magasin, objet de tant d’intérêt.
 
Enfin il est là le rayon de tous mes petits plaisirs. Pas trop de clientes, tant mieux ! Les culottes, les tangas, les boxers et autres strings s’étalent à perte de vue, sous toutes les couleurs, sous toutes les formes et dans toutes les matières, Partout où se pose mes yeux, ce n’est que lingerie de femmes. Une mer, que dis-je, un océan de sensualité se dévoile à mes envies. Je laisse glisser mon regard sur les soies si douces, sur les satins si luisants, sur les dentelles si joliment travaillées et sur les cotons si purs de blancheur. Vite découvrir les dernières nouveautés.

Irrésistiblement attiré par ces fins tissus, mes mains frôlent délicatement et caressent avec délectation jusqu’à sentir la moindre fibre. J’imagine cette culotte d’un bleu électrique sur mes hanches. Je vois déjà ce boxer en dentelle glisser sur mon ventre. J’imagine mes mains s’aventurer dessous. Et cette minuscule chose rose. Elle est si petite qu’elle ne cache plus rien. Un pur moment de bonheur. Ne sachant à quel string me vouer, je craque pour celui en dentelle puis pour le rose. Finalement, j’en prends une dizaine, tous plus affriolants les uns que les autres. Comme j’envie ces vendeuses qui vivent en permanence avec cette lingerie.

Lorsque j'arrive à la caisse et que je pose ces dessous sexy sur le tapis à la vue de tous, je ressens comme une provocation ; un spectacle exhibitionniste que j'offre au public. Il découvre tout de la lingerie que je porte ; une forme de viol collectif de mon intimité... Eh oui, ces froufrous ne sont visibles des autres qu’à ce moment là puisqu’ils sont destinés à être cachés sous les vêtements. Quelle ingratitude envers la belle lingerie !

Quant à moi, je ne suis qu’un homme à qui ces petits plaisirs féminins sont interdits. A moins d'être qualifié de pervers par les gens bien-pensants et de passer pour un vieux cochon...